Face à la montée des charges de travail dans le cloud, les responsables technologiques avisés doivent avant tout prendre de la hauteur et évaluer le véritable retour sur investissement d’une transition vers le cloud. Voici trois façons de commencer.
S’il est une habitude que les DSI doivent adopter, c’est celle qui consiste à porter un regard critique sur leur retour sur investissement (ROI) en matière de cloud. Au cours de la dernière décennie, le Cloud Computing, qui était avant tout une option d’hébergement à bas coût sur des serveurs, est devenu une technologie incontournable pour les entreprises. Ce changement de paradigme de puissance de calcul payée à l’utilisation a en effet transformé la façon dont les entreprises abordent l’évolutivité, l’innovation et l’efficacité opérationnelle.
Mais malgré sa popularité, les entreprises doivent tenir compte de certains éléments avant d’adopter le cloud, notamment les risques de dépendance vis-à-vis de l’éditeur, la pression des obligations de migration et les problèmes de sécurité et de conformité. Face aux options disponibles aujourd’hui et aux exigences propres à chaque entreprise, les organisations doivent adopter le cloud avec un objectif et non pour « faire comme les autres ». C’est pourquoi, de notre point de vue, repenser le retour sur investissement du cloud figure au premier plan des mandats informatiques pour 2024 et au-delà.
1. La dépendance vis-à-vis des éditeurs pèse sur les organisations
L’un des facteurs qui incitent les directeurs techniques à repenser leur adoption des applications cloud, en particulier dans le domaine des ERP, est le risque de dépendance vis-à-vis des fournisseurs. Traditionnellement, les organisations payaient une fois pour toutes une licence de logiciel ERP qu’elles hébergeaient ensuite sur leurs serveurs internes. Mais la plupart des éditeurs de logiciels d’entreprise ont changé de cap et poussent désormais les entreprises à passer à des abonnements basés sur le cloud. Cette mutation permet aux éditeurs de facturer des frais récurrents qui comprennent non seulement la licence du logiciel, mais aussi l’infrastructure d’hébergement et le plan de support. Et les coûts peuvent être conséquents. Dans de nombreux cas, le logiciel sous licence perpétuelle que vous avez fini de payer peut représenter un actif majeur qui mérite d’être conservé et « exploité » pour en tirer la plus grande valeur possible.
À ce propos, une enquête de Censuswide Buyers Sentiment Survey a révélé que 42 % des responsables IT s’inquiètent du risque de dépendance vis-à-vis des éditeurs de ces solutions ERP basées sur le cloud. Et à juste titre. Lorsqu’une entreprise décide de migrer vers l’offre SaaS propriétaire d’un éditeur, elle peut avoir un contrôle limité sur les technologies spécifiques utilisées et la marge de personnalisation ; la dépendance qui en résulte vis-à-vis de l’éditeur peut avoir un impact sur les objectifs et les résultats de l’entreprise, de sorte qu’elle doit s’adapter au périmètre des capacités du cloud.
Cette perte de pouvoir peut avoir un impact sur la feuille de route IT de votre entreprise, dans le cadre de laquelle les investissements technologiques sont alignés sur les objectifs, les priorités, les ressources et le calendrier de l’entreprise, puisque vous devez adapter vos plans en fonction du rythme et des versions de la feuille de route imposée par l’éditeur. Cette situation illustre la manière dont une stratégie cloud peut entraver l’innovation au lieu de la promouvoir.
En 2024, les DSI vont continuer de se demander s’il convient de mettre tous leurs œufs dans le même panier en termes d’efficacité et de rentabilité et ils vont de plus en plus exiger de voir le retour sur investissement associé à la dépendance à un éditeur unique, non seulement pour la licence du logiciel, mais aussi pour les services d’hébergement et de support.
2. Bien plus qu’un simple transfert
Bien que le cloud soit une promesse d’agilité et d’évolutivité, toutes les charges de travail ne sont pas adaptées au cloud. S’imposer de migrer des logiciels et des applications internes existants, au demeurant fonctionnant parfaitement, vers le cloud, simplement pour rester à la pointe des nouvelles technologies n’est peut-être pas la bonne approche. Souvent, ces applications critiques doivent être réorganisées et réadaptées pour le cloud. Il ne s’agit quasiment jamais d’une simple opération de « portage virtuel ». Il faut donc se poser cette question : l’effort est-il à la hauteur des promesses du cloud ?
Il en va de même pour les organisations qui choisissent de déplacer leur logiciel ERP. C’est particulièrement vrai si l’organisation a récemment fait un investissement important dans l’acquisition d’une licence et dans la mise en place d’un matériel interne pour la prendre en charge. Plutôt que de changer de vitesse et de se précipiter vers le cloud, ces organisations doivent se demander s’il est nécessaire de déplacer le système dans l’immédiat.
Nous avons remarqué une tendance croissante appelée « rapatriement cloud », où les entreprises déplacent leurs données et leurs applications vers un centre de données sur site ou vers un cloud privé, ce qui leur donne plus de contrôle. Et au moment où les responsables IT examinent de manière critique la manière de maximiser le retour sur investissement du cloud, nous prévoyons que cette tendance se poursuivra en 2024. Les éditeurs peuvent se montrer insistants avec leurs solutions cloud, mais étant donné que de nombreuses entreprises souhaitent optimiser leurs solutions ERP sur site, nous pensons que les solutions ERP composables peuvent être un bon compromis.
L’un des principes directeurs de l’ERP composable est de mettre l’accent sur les résultats commerciaux. Alors que les solutions cloud visent à intégrer des besoins commerciaux uniques à la solution IaaS rigide d’un éditeur et à contrôler la feuille de route IT, l’ERP composable sert l’ensemble des activités des entreprises : objectifs, besoins et tout le reste. L’ERP composable réunit les personnes, les éditeurs, les solutions et les technologies de manière modulaire afin de proposer la solution idéale pour votre entreprise.
L’ERP composable encourage les clients à jeter un regard critique sur les technologies qui serviront au mieux leurs objectifs et non à migrer pour le plaisir de migrer. Cela inclut souvent des outils et des technologies basés sur le cloud, mais un regard critique donne aux entreprises l’espace nécessaire pour trouver l’équilibre entre ce qui fonctionne et ce qui fonctionnera aux dires des éditeurs.
3. Évaluation de la sécurité et de la conformité du cloud
Alors que les violations de données et les menaces de cybersécurité évoluent constamment, il est crucial pour les DSI de réévaluer les aspects de sécurité et de conformité de leur stratégie cloud, en évaluant les protocoles de sécurité et les capacités de leur fournisseur de cloud pour répondre à des exigences réglementaires en constante évolution. Cette veille est de plus en plus vitale à mesure que les réglementations en matière de confidentialité des données se renforcent à l’échelle mondiale et que les attaques sont de plus en plus sophistiquées.
Par exemple, une étude récente de Thales a révélé que 39 % des entreprises ont subi une violation de données dans leur environnement cloud en 2023. L’étude a également révélé que davantage de données sensibles sont transférées vers le cloud, 75 % des entreprises déclarant que plus de 40 % des données stockées dans le cloud sont sensibles, alors qu’en moyenne, seulement 45 % de ces données sensibles sont chiffrées. Et les enjeux sont élevés : CSO Magazine rapporte que le coût moyen d’une violation de données est d’environ 4,35 millions de dollars selon IBM.
En résumé ? Garantir une protection solide des données et une conformité réglementaire permet non seulement de protéger l’organisation, mais aussi d’instaurer la confiance avec les clients et les parties prenantes. Les DSI doivent s’assurer que leurs investissements dans le cloud sont non seulement rentables et efficaces, mais aussi résilients face aux risques de sécurité émergents et conformes aux législations les plus récentes sur la protection des données.
4. Voler au-dessus du nuage : priorité au retour sur investissement
Face à la montée des charges de travail dans le cloud, les responsables technologiques avisés doivent avant tout prendre de la hauteur et évaluer le véritable retour sur investissement d’une transition vers le cloud. Les opérations basées sur le cloud présentent certainement de nombreux avantages, mais adopter cette technologie simplement parce qu’elle a le vent en poupe n’est peut-être pas la meilleure solution pour tout le monde. Pour réussir, les responsables IT doivent se concentrer sur la manière dont le passage au cloud peut affecter leur retour sur investissement. C’est une approche qui ne manquera pas de porter ses fruits.